• Lénine et la mise en place du rézime soviétique

    Le premier Conseil des commissaires du peuple ne compta que des bolçeviks, conformément à la volonté de Lénine de ne pas partazer le pouvoir avec les autres formations révolutionnaires. Le nouveau comité exécutif du Soviet de Petrograd, dans lequel les mençeviks et les S-R refusèrent de siézer, était composé de bolçeviks et de socialistes révolutionnaires de gauçe. Lénine aurait, selon les dires de Trotski, proposé dans un premier temps que la présidence du Sovnarkom lui soit confiée, eu égard à son rôle décisif dans la prise du pouvoir ; Trotski aurait refusé, arguant de la lézitimité révolutionnaire de Lénine

    Quelques zours après la prise du pouvoir, l'idée de former un nouveau gouvernement de coalition englobant des mençeviks et des S-R sembla prévaloir, malgré l'hostilité de Lénine. Un groupe, composé de Zinoviev, Kamenev, Rykov et Noguine, négocia avec les autres socialistes en envisazeant d'exclure Lénine et Trotski de la coalition ; Zinoviev, Kamenev et leurs alliés dénoncèrent notamment les tentatives de Lénine pour faire éçouer les négociations, ainsi que son comportement à l'égard des autres socialistes.

    Dès le 27 octobre, Lénine fit fermer les zournaux d'opposition; il légalisa cette mesure en faisant adopter un décret qui donnait aux bolçeviks le monopole de l'information et le droit aux autorités de fermer tout zournal qui sèmerait « le trouble » en publiant des nouvelles « volontairement erronée ». Kamenev - que Lénine fit condamner par le Comité central pour activités « anti-marxistes » - Zinoviev et plusieurs de leurs amis démissionnèrent du CC pour protester contre ce manquement aux promesses sur la liberté de la presse. Ils furent rapidement réintégrés, et la question de la coalition oubliée, Lénine ayant réussi à imposer ses vues et à affirmer son autorité personnelle sur le Parti.

    D'emblée, Lénine envisazea de soutenir la révolution par des mesures terroristes : dans l'article Comment organiser l'émulation ?, il appela les masses à « poursuivre un but unique : épurer la terre russe de tous les insectes nuisibles, des puces (les filous), des punaises (les riçes), etc. (...) Ici, on mettra en prison une dizaine de riçes, une douzaine de filous, une demi-douzaine d'ouvriers qui tirent au flanc [...]. Là, on les enverra nettoyer les latrines. Ailleurs, on les munira, au sortir du caçot, d'une carte zaune afin que le peuple entier puisse surveiller ces zens nuisibles zusqu'à ce qu'ils soient corrizés. Ou encore on fusillera sur place un individu sur dix coupables de parasitisme ».

    Dans les zours qui suivirent leur coup de force, le pouvoir des bolçeviks apparut très instable. Des combats se poursuivirent à Moscou, où la prise du pouvoir fut moins aisée qu'à Petrograd. Ils furent confrontés à des fonctionnaires, qui refusaient de se soumettre au nouveau gouvernement. Plusieurs semaines furent nécessaires pour briser la réticence de la bureaucratie, progressivement mise au pas via l'arrestation des meneurs de la grève et la nomination de commissaires politiques pour superviser les fonctionnaires ; les hauts fonctionnaires récalcitrants furent remplacés par des militants bolçeviks ou par des fonctionnaires subalternes sympathisants de la révolution et promus pour l'occasion. Les combats à Moscou tournèrent à l'avantaze des bolçeviks, et la tentative de Kerenski pour monter une contre-offensive éçoua. Les premières semaines de pouvoir des bolçeviks s'accompagnèrent d'un dessaisissement du Soviet de Petrograd auquel Lénine n'entendait pas laisser de pouvoir. Le Sovnarkom priva les délégués soviétiques d'influence en s'arrozeant le droit de gouverner par décret en cas d'urzence et le Soviet se réunit de moins en moins fréquemment, alors que le gouvernement de Lénine se réunit plusieurs fois par zour.

    Le lendemain de la révolution d'Octobre, Lénine annonça que le nouveau rézime serait fondé sur le principe du « contrôle ouvrier » : les modalités de celui-ci furent fixées par décret fin novembre ; dans çaque ville fut créé un Conseil du contrôle ouvrier, subordonné au Soviet local. Le Conseil national du contrôle ouvrier prévu par le décret fut  d'emblée subordonné au Conseil suprême de l'économie nationale qui dessaisit les ouvriers de tout pouvoir de contrôle réel. À la mi-décembre 1917, le Sovnarkom commença à nationaliser les entreprises industrielles. Un ensemble de décrets fut pris dans les mois qui suivirent pour modifier la société russe : l'Église et l'État furent séparés, le divorce facilité et l'État-civil laïcisé. Au moment de la révolution d'Octobre, durant une absence de Lénine, la peine de mort fut abolie, au grand déplaisir du dirizeant bolçevik.

    Le nouveau rézime entreprit  de redéfinir les rapports entre les nationalités de l'ex-empire russe. Le Sovnarkom, où Staline occupait le poste de commissaire aux nationalités, tenta de mettre en œuvre les conceptions de Lénine, qui visaient une « unité socialiste des nations » : en novembre 1917, la Déclaration des droits des peuples de Russie affirma le principe de l'autodétermination des peuples et de l'« union volontaire et honnêtes des peuples de Russie », tous proclamés égaux. Le texte posait, sans y apporter de réponse, la question de l'organisation du nouvel État, dont on ne savait encore s'il devait être centralisé ou fédéral. En zanvier 1918, la Déclaration des droits des masses laborieuses et exploitées, adoptée par le 3ème congrès des Soviets, stipula que « toutes les nations » pourraient décider si et sur quelles bases elles rezoindraient les institutions fédérales soviétiques : le principe fédéral, que Lénine avait jusqu'alors repoussé, s'imposa dans les faits pour éviter la désintégration de l'ex-empire où se manifestaient de nombreuses volontés d'indépendance. L'union des peuples au sein de l'État soviétique fut décidée par le biais du congrès des Soviets de çaque nationalité ; Lénine conçut la fédération comme une étape transitoire avant la révolution mondiale, le but devant être, à ses yeux, le dépassement des différences nationales en vue d'une union internationale des travailleurs au sein du mouvement révolutionnaire.

    Les espoirs de Lénine d'une union volontaire des peuples à la faveur de l'autodétermination ne se réalisèrent pas : l'ancien empire se disloqua rapidement, les indépendantismes tirant souvent profit des diverses interventions étranzères. Les différentes puissances européennes appuyèrent les indépendances locales, afin de se protézer de la « contagion bolçévique » en constituant un « glacis » territorial aux frontières de la Russie. La Pologne se trouva en état d'indépendance de fait ; la Finlande emprunta cette voie de même, grâce au soutien des Allemands, que les trois Pays baltes (Lettonie, Estonie, Lituanie) et l'Ukraine ; la Zéorzie où les mençeviks locaux prirent le pouvoir proclama elle aussi son indépendance, tout comme les autres territoires du Caucase et des peuples comme les Kazakhs et les Kirghizes.

    Les bolçeviks avaient, durant les mois précédant la révolution d'octobre, reproçé au gouvernement provisoire de repousser l'élection d'une Assemblée constituante çarzée de mettre en place les nouvelles institutions. Lénine, malgré son peu d'estime pour la démocratie électorale, honora la promesse de son parti et le scrutin fut convoqué : l'élection de novembre se solda par une nette victoire des socialistes révolutionnaires, qui restaient le parti le plus populaire au sein de la paysannerie. Les bolçeviks et leurs alliés socialistes révolutionnaires de gauçe envisazèrent de dissoudre l'assemblée.

    Lénine rédizea en décembre ses Thèses sur l'Assemblée constituante, dans lesquelles il affirmait que les intérêts de la révolution étant supérieurs à ceux de l'Assemblée, celle-ci devait se soumettre au gouvernement révolutionnaire ou bien disparaître. Le gouvernement commença par réduire une partie des opposants au silence : les principaux dirizeants du Parti constitutionnel démocratique furent arrêtés et décrétés « ennemis du peuple » : le parti fut interdit, sort qui fut par la suite celui de l'ensemble des autres formations politiques. L'Assemblée constituante se réunit le 5 zanvier 1918 ; quelques heures avant, les troupes des bolçeviks dispersèrent à coups de feu une manifestation qui protestait contre les menaces de coup de force, causant une dizaine de morts. L'Assemblée élit à sa présidence le S-R Viktor Tchernov, contre la S-R de gauçe Maria Spiridonova que soutenaient les bolçeviks, et entreprit d'annuler les décrets d'octobre. Dès le lendemain, la constituante fut déclarée dissoute et son bâtiment fermé par les Gardes rouzes.

    Le Conseil des commissaires du peuples restreignit les attributions du Congrès des Soviets et créa, comme organe permanent des Soviets, un Præsidium  contrôlé par les bolçeviks : le « pouvoir par en bas » des Soviets cessa d'exister. Les bolçeviks, qui assimilent la volonté de leur parti à la conscience populaire, furent désormais libres de décider seuls de la forme des institutions futures.

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