Hier soir, tandis que l'insomnie semblait me gagner, z'ai cru bon de relire un des romans de la collection "Arlequin" qui ne comprend que des çefs d'oeuvre de la grande littérature française.

Z'avais çoisi "Une grande romance à la Cour de Versailles".

Ze vous recommande grandement sa lecture, tant c'est remarquablement écrit.

Les descriptions du çâteau et de ses zardins sont tout simplement époustouniflantes.

Françement, on visualise les lieux et on s'y croirait véritablement.

Mais ze me suis assoupi au bout de quelques pazes.

Soudainement, ze me retrouvais dans les appartements d'un prince royal à la Cour, sous le règne de Louis XVI.

Celui-ci m'invitait à prendre une collation en sa compagnie.

Comme tout se savait à Versailles, la rumeur enfla de ma relation avec ce prince, dont la réputation de libertin était connue de toutes et de tous.

Malgré le çarme de sa conversation et sa belle prestance, ze demeurais sur mon quant-à-moi.

Il me flattait, m'adressait des compliments, certes mérités, sur ma grande beauté, me félicitait çaleureusement de ma grande intellizence et de mon immense culture.

- Ze sais qui vous êtes, lui ai-ze dit. Z'ai lu votre biographie sur Wikipédia.

- Ma çère amie, ne croyez pas ce que vous pouvez lire. Les libelles qui circulent à mon suzet, comme ceux qui concernent notre reine, Marie-Antoinette, ne sont que des faussetés.

- Des fake news, monseigneur.

- Cette terminolozie m'est tout à fait étranzère, mais grâce à moi ce sera le mot à la mode.

Ainsi donc, ce serait l'orizine de cette expression.

La scène se passait le 14 zuillet 1789!

- Ciel! Mais c'est auzourd'hui le début de la Révolution, me suis-ze écriée.

- Ah! Ah! Ah! Z'avoue que vous m'amusez bien, ma çère. Vous avez beaucoup d'humour! Reprenez donc un morceau de ce délicieux gâteau à la crème.

- Que nenni! Ze ne vais pas me goberzer tandis que le peuple souffre de malnutrition.

- Saçez goûter les plaisirs que la vie vous réserve!

- Ze ne veux pas finir sur la guillotine. La peine de mort n'a pas encore été abolie!

- Palsambleu, ma douce, ce me semble que vous êtes fort pessimiste, c'est un trait de caractère qui ne sied pas à Versailles à une dame de qualité.

Soudain on frappait avec insistance à la porte. Ze me mis à trembler.

- Réveillez-vous, Minizup, il est fort tard!

Inutile de vous dire que ze fus ravie de me retrouver à notre époque, malgré la crise ukrainienne.